Des statistiques effroyables
La dernière statistique de l’INSEE indique 133 000 personnes à la rue en France cette année. Un chiffre ne prenant pas en compte les personnes logées dans des endroits insalubres. Ce chiffre a doublé au cours de la dernière décennie. Un chiffre difficile à entendre quand on repense à la déclaration d’Emmanuel Macron lors de son investiture en 2017. « Plus personne dans la rue. C’est une question de dignité ». Ce sont ses mots. Pourtant en 2023, plus de 850 personnes sont mortes de froid, dans la rue.
Parmi cette population en constante augmentation, on compte de plus en plus de ce qu’on appelle des personnes vulnérables : les femmes et les enfants. Autrement dit, des familles. En 2023, l’Unicef comptait 3000 enfants sans domicile, et 700 d’entre eux âgés de moins de trois ans. Il faut savoir que ce chiffre ne prend en compte que les familles ayant composé le 115, numéro d’urgence. Cette statistique est déjà effroyable, elle est également imprécise.
Aucune amélioration !
L’année 2024 ne présente pas d’amélioration : d’après le Samu Social, chaque nuit 167 familles ne peuvent pas être hébergées par le Samu de Paris. Le dernier baromètre “Enfants à la rue”, publié par l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité, révèle qu’au moins 2 043 enfants étaient sans solution d’hébergement dans la nuit du 19 août 2024, soit plus du double par rapport à 2020. Dans les hôtels sociaux d’Ile-de-France, plus de 24 000 enfants sont hébergés chaque nuit, parmi lesquels 8 000 ont moins de trois ans.
Les rues des grandes villes accueillent sur leur trottoir des familles, souvent monoparentales, avec la mère comme parent. Être une femme SDF, c’est être en danger constamment : agressions sexuelles, vols, violences physiques. Ces femmes doivent en plus de cela protéger et nourrir leurs enfants. Des enfants dont la scolarité ne peut être assurée dans la sérénité, et dont le développement ne se fera pas dans les meilleures conditions.
Des solutions majoritairement citoyennes
Après ces considérations catastrophiques, il est normal de se demander ce que fait l’Etat pour tenter de remédier à ce manquement aux droits de l’homme. Lors d’un échange de question au Sénat en mai 2024, le gouvernement, plus précisément le « ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé du logement » s’exprime : « La France consacre des moyens d’ampleur à la lutte contre le sans-abrisme, avec un budget avoisinant les 3 milliards d’euros par an. Ce changement de paradigme s’est traduit depuis par l’accès au logement de près de 550 000 personnes sans-domicile depuis. » En bref : beaucoup de phrases et d’autocongratulations, pas de réels changements.
Que faire quand le gouvernement n’est pas en mesure de protéger la population de ce qui apparaît comme élémentaire : ne pas dormir dehors quand les températures sont négatives sur le thermomètre. Le travail des associations est central, il existe un grand nombre d’associations qui tentent de faire la différence. Certaines sont très connues : La Fondation Abbé Pierre, le Secours Populaire, La Croix Rouge pour en citer quelques-unes. Il en existe également un très grand nombre plus localement : Homeless Plus qui permet via une application de signaler qu’on a des objets ou de la nourriture à donner, La Goélette qui organise des maraudes à Paris, Entourage qui permet aux SDF eux-mêmes de signaler des besoins ou des urgences et beaucoup d’autres. Nous vivons dans une société qui compte sur le bénévolat, sur ses citoyens. Et dans cette société au climat anxiogène, pouvoir aider est devenu un privilège. Sans ces citoyens qui sur leur temps libre tendent à aider autrui, la situation des sans domicile fixe serait encore plus catastrophique qu’elle ne l’est déjà.
Une mère de famille témoigne
« Pendant que sa fille part au collège, sa journée est rythmée par des passages dans différentes associations pour trouver de quoi manger « au jour le jour » pour elle et son petit garçon. La nuit, elle ne dort pas, « trop de bruit, trop de vigilance ». Elle veille pour permettre à ses enfants de se reposer. Parfois Esther peut aller cuisiner chez des connaissances – « pas des amis », précise-t-elle, elle n’en a pas – pour faire des provisions pour plusieurs repas et remplir un thermos d’eau chaude pour la nuit et le petit-déjeuner du matin. Elle en profite pour se poser sur le canapé de l’appartement et récupérer un peu de ses nuits sans sommeil. » Cet extrait d’une interview datant de mai 2024 réalisée par le Secours Catholique illustre avec justesse l’ampleur du problème. Esther dort dans une école, celle de sa fille. La journée, elle doit partir pour laisser place aux élèves. Elle parle de l’insalubrité du lieu. C’est encore une initiative citoyenne qui est faite. A quand une solution de l’état qui fera la différence ?